Bali : brÈves de voyage
Jungle et yoga, volcan et enchantement : Bali, me voilà.
J’ai passé 2 mois sur l’île des Dieux en août et septembre 2018. Ce voyage à Bali fût magique.
Trois semaines de retraite spirituelle à Ubud, avant de vagabonder sur l’île pendant 5 semaines. Je vous partagerai bientôt un article avec plusieurs itinéraires de voyage à Bali, pour vous permettre de découvrir le meilleur de cette île, ce que vous disposiez de 10 jours ou de 2 mois !
En attendant, si on prenait le large à travers quelques photos souvenirs ?
Si j’ai créé ce blog, c’est car à mes yeux le voyage se partage. Avec des mots et des images, pour transmettre des ressentis, des moments qui se vivent, des pensées qui s’écrivent.
Ce ne sont peut être pas les anecdotes de voyage les plus trépidantes que vous lirez. Mais certains jours, j’en ai marre des histoires incroyables et des statuts tous lisses. Certains jours, j’aime bien me rappeler et aujourd’hui, j’avais envie de vous raconter. Allez viens, on part dans ma tête.
Le temps d’un voyage à Bali…
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Une bière face au volcan
On voulait aller à Amed, à 3 heures au Nord d’Ubud. On était 2, on a réservé un taxi auprès de notre hôtel. C’était une voiture confortable, conduite par un balinais qui parle anglais et qui gagne bien sa vie en promenant les touristes sur l’île. Je me souviens pas son nom mais je crois qu’il s’appelait Ketut. Si t’es déjà allé à Bali, tu sais que de toute manière j’ai peu de chance de me tromper. Il y a 4 prénoms pour garçons, 4 pour filles, attribués en fonction de la place dans la fratrie. Pratique.
Bref. Notre guide nous a proposé de nous arrêter à un petit restaurant au bord de la route qui offrait cette vue extraordinaire sur le volcan Agung. Il allait rester en retrait, on l’a naturellement invité à partager une bière avec nous. Il y avait le volcan, les rizières et une vache dans une étable. Il nous a expliqué que dans le village où il a grandi, il y avait quelques vaches mais que les gens ne les mangeaient pas forcément. Elles étaient là, les gamins jouaient avec elles, on les nourrissait.
Elles ont une tête attendrissante, les vaches balinaises, toutes maigres, un anneau dans le nez, pas vraiment solides sur leurs pattes mais l’air arrogant. On dirait presque des ados londoniennes.
J’ai joué sérieusement mon rôle de touriste pour faire plaisir à grand-mère et à mon guide. J’ai pris des photos, j’ai souri à la balinaise du restau, heureuse d’avoir eu quelques clients aujourd’hui et je suis remontée dans mon taxi climatisé.
Quelques fois, j’ai l’impression de consommer le monde, quelques fois de voyager.
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Enflammation
C’était un bar à touristes posé le long de la route qui monte vers les hauteurs d’Amed, au nord est de Bali. On est arrivés un peu tard, on s’est serrés à côté d’autres européens et on a endossé notre uniforme de touristes, une bière pas chère dans une main, l’appareil photo dans l’autre.
J’ai un peu oublié de regarder avec mes yeux au début. Et puis les lumières ont fait leur effet. Comme toujours. Énervement, connection, joie qui m’enflamme. Un vrai combustible.
Je me demande souvent pourquoi le coucher du soleil a sur moi un tel effet. Addictif et enchanteur, je ne peux m’en passer. Faire rugir le moteur, presser le pas, courir sur la plage pour m’approcher un peu plus de l’horizon cramoisi, une intense excitation me saisit dès que l’heure est venue pour le soleil de tirer sa révérence.
Oiseau de nuit, à son coucher, moi je m’éveille. Je sais bien qu’on le reverra demain, mais en attendant c’est la nuit qui devient maître et dans l’obscurité, tout peut arriver.
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« You can’t repeat the past »
Je sais que ce n’est pas bon de vivre dans le passé. Ça nous éloigne de ce qui est vraiment. Ça nous empêche de vivre pour de vrai.
Mais certains jours, j’aimerais juste avoir le pouvoir de voyager dans le temps. Je pourrais vivre et revivre cette journée, ce moment pendant lequel je me suis sentie si heureuse, complète, exaucée.
Au final, c’est peut-être une bonne chose qu’on ne puisse pas retourner dans le passé. Ça nous oblige à mettre toutes nos forces dans le présent, pour faire en sorte que de tels moments d’extase nous arrivent à nouveau.
Le présent est tout ce que nous avons – je le sais, mais je ne peux m’empêcher de l’oublier.
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Tirtagangga, c’est joli mais ça sonne faux
On voulait voir Tirtagangga, le célèbre temple de l’eau situé près d’Amed. Lieu de culte pour les Balinais, lieu de culte pour les instagrammeuses qui ne résistent pas à sa photogénie, merci les étangs bondés de carpes.
Tirtagangga, t’es joli mais on t’a surtout trouvé bondé de touristes. Bali, tu dois quelques fois te sentir envahie.
On est vites partis. Nous aussi on est que des touristes en vacances, nous aussi on aime bien poser pour la photo, mais quelques fois c’est juste trop. On a mangé un mie goreng dans un restaurant super sale mais super bon, puis on a sauté sur le scooter et on a pris la route. J’avais les cheveux au vent, tu conduisais vite, c’était cliché mais c’était bien. On a filé loin du monde et on a pris le temps. De se perdre dans la campagne, de s’arrêter parce que c’est trop beau, s’arrêter pour regarder vraiment et se dire que quand même, on en a de la chance. Se dire que quand on le laisse juste être lui même, notre monde est quand même sacrément beau.
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Bali, tu m’exaspères autant que tu m’amuses
Cette photo de carte postale, vous l’avez certainement vue passer sur Instagram ou sur un blog voyage. Ça ne serait pas étonnant, c’est l’une des images les plus connues de l’île des Dieux. On comprend facilement pourquoi, les lieux sont ultra photogéniques avec ses temples traditionnels qui se reflètent dans l’eau du lac Bratan.
On paie donc une jolie somme pour accéder à l’endroit, vanté un peu partout comme étant un incontournable culturel de Bali. Ulun Danu est en effet l’un des Pura (temples) parmi les plus sacrés de l’île. Quand on connaît le nombre incroyable de temples et la ferveur religieuse des Balinais (en grande majorité Hindous, une exception dans l’Indonésie musulmane), on pense donc trouver un lieu historique doté d’une ambiance mystique, probablement chargée de spiritualité.
On s’attend un peu moins à tomber sur… des statues en plastique, à moitié décolorées, de grenouilles vertes, de fraises à visage humain et autres bizarreries mesurant parfois 2 mètres de haut. Je crois même qu’il y avait une imitation de Bob l’éponge.
Grosse incompréhension, surprise, je vous laisse imaginer notre réaction. Partagés entre la déception et le fou rire, nous avons fait le tour du parc qui entoure le temple, pour constater qu’il est encombré de ces statues bizarres. Leur présence est inexplicable. J’ai été tellement déstabilisée et déçue que je n’ai même pas pensé à prendre de photos de ces incongruités.
Vite vite on repart en quête de plus d’aventure, juste le temps de prendre une petite photo en souvenir du temple – qui reste quand même très joli, puis c’est pas sa faute, le pauvre, si on fait n’importe quoi avec ses jardins. Nous avons vraiment eu le sentiment de nous retrouver dans un parc d’attraction de seconde zone, un peu démodé et kitsch. Ce n’est pas la seule altération faite à ce lieu sacré. Un restaurant avec vue sur le temple a été installé, ainsi qu’un point photo, et la foule pullule dès les petites heures du matin pour poser devant le célèbre temple. Bien loin de l’ambiance encens, offrandes et dévotion des rues de chaque petit village de l’île… Ambiance que l’on s’attendrait pourtant à trouver dans l’un des temples les plus importants de la culture balinaise.
Une fois de plus, on a pu faire le constat que le tourisme de masse peut être dévastateur dans un pays qui est trop dépendant financièrement de ses visiteurs. Un patrimoine datant de plusieurs siècles s’abîme à une vitesse folle à cause de la fréquentation touristique intense. Celle-ci pollue et fait perdre aux lieux de leur authenticité.
Mais j’irais même plus loin. À mon humble avis, ce n’est pas rendre service aux visiteurs de leur proposer une expérience lissée, une réalité façonnée. Mettre de côté les rituels de culte pour favoriser le touriste, rendre les lieux plus accessibles quitte à leur faire perdre leur charme naturel, tout adapter, tout rendre facile. Quel est l’interêt de voyager, si l’on ne se retrouve jamais abruptement confronté à une autre culture, secoué, questionné ?
Pourquoi partir de chez soi si ce n’est pour devoir s’adapter aux exigences et aux traditions de ce pays que l’on visite ?
Ne voyage-t’on pas pour observer comment vit l’autre afin de le comprendre et mieux le connaître ?
Quel est l’interêt de prendre des photos d’un lieu ayant perdu son âme, avant de se jeter sur son scooter à l’assaut du prochain « spot à ne pas manquer » ?
Je regarde ma photo de carte postale, et je me le demande encore.
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Un petit bout de rien, au milieu de tout
Un de mes coups de coeur dans le nord de Bali, les lacs jumeaux Buyan et Tambligan.
Il faut partir de Munduk, quitter le village pour entrer dans la fraîcheur des montagnes. On grelotte un peu sur le scooter, on passe le long de maisons aisées, de cabanons tremblants, et le paysage change progressivement. Perchés sur des camions, assis devant une échoppe, jouant au bord de la route, des balinais de tous âges secouent la main et se redressent à notre passage. Je regarde les visages. Rieurs ou fermés, curieux ou bienveillants, peu importe le coin du globe, les airs sont les mêmes.
Dans un coin de paysage, le premier lac apparaît. Après la circulation d’Ubud, la décadence de Kuta, la pollution de Nusa Penida, je respire. La nature à Bali, quand on la laisse en paix, se veut toujours grandiose.
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Dis-moi comment c’est, chez toi
Il m’a fallu du temps pour comprendre la relation des Balinais aux chiens. On en voit un paquet errer dans les rues, sans collier, souvent très maigres. Beaucoup sont agressifs, se battent entre eux, quémandent pour de la nourriture. Qui ne s’est pas fait courser à scooter par une bande de chiens sauvage n’a pas vécu la vraie peur du voyageur ! Après quelques semaines à observer, j’ai discuté avec un Balinais qui m’a expliqué que dans la culture locale, les chiens sont parfois vus comme des incarnations de démons. Ils sont chassés, maltraités voire tués pour leur viande (pensez-y la prochaine fois que vous commanderez un Nasi Goreng au poulet…).
Mais la majorité du temps, les chiens errants ont un maître et une famille. La relation au chien est juste différente. C’est un protecteur, gardien de la famille à qui mon ami Balinais confie même la garde de ses enfants. Mais les chiens ont le droit de se promener librement dans les rues et ils reviennent en général le soir dormir sur le trottoir devant la maison, quelques fois à la maison. Voilà, c’était la minute culture. Je n’en ai pas beaucoup mais j’avais envie de l’étaler
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Ôde à ce qui pourtant, n’est pas évident
Je pourrais dire tant de choses à propos de Bali. C’est envahi de touristes. La pollution y est un fléau. Certains touristes dégradent le patrimoine et ont des comportements indignes envers les locaux. Certains locaux profitent eux-même largement des visiteurs. Les choses changent vite et selon moi, pas dans la bonne direction. La nature et la culture sont en danger. Oui, Bali a beaucoup de problèmes. Mais, Ô, que cette île est belle. Humer la forêt tropicale, surplomber les rizières. Le sourire d’un de tes enfants, les robes colorées de tes femmes. Parfums d’encens, singes grimaçants, Ô que tu me montes à la tête. Bali, tu m’as enchantée.
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À la recherche des raies manta
On a passé 5 jours à Nusa Penida et si l’île est magnifique, notre chambre Airbnb l’était un peu moins. On s’est rendus compte pendant la nuit qu’une chatte et ses petits logeaient dans le faux plafond. Le bruit qu’ils faisaient était remplacé dès 5h du matin par les chants lancinants d’une cérémonie balinaise, diffusée dans tout le quartier par des microphones fatigués. La rue était un peu triste, très bétonnée, le propriétaire de l’hôtel un vrai siphonné.
Mais au milieu de cette banalité morose, une tortue multicolore. L’art, toujours, encore, partout.
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« Very beautiful sarong, Miss »
Vous avez déjà entendu parler de Nyepi ? Nous non… Jusqu’à ce qu’on se trouve bloqués sur l’île de Nusa Lembongan par ce «jour de silence pour l’océan ». Personne n’est autorisé à entrer dans l’eau, pour laisser l’océan se reposer. J’adore la poésie de cette fête et le fait que malgré le tourisme de masse ou le business, ces traditions soient toujours respectées.
Nyepi, c’est 3 jours de célébrations, de cérémonies au temple, des marchés et des fêtes. Forcément, on avait envie de partager la joie de l’événement, mais en tant que touristes, on était pas certains d’avoir notre place… On a demandé son avis à la réceptionniste de notre hôtel. Elle a été ravie qu’on veuille découvrir les traditions de son île et après nous avoir demandé 10 fois si on s’était bien lavés (la réputation des occidentaux…), elle nous a fait une surprise qui nous a énormément touchés. Son mari et elle nous ont prêté des tenues, pour nous permettre de nous fondre dans le paysage et assister aux cérémonies… Mais deux grands blonds en sarong sur leur scooter, je peux vous assurer que nous ne sommes pas passés inaperçus !
On redoutait un peu la réaction des Balinais (appropriation culturelle, etc. etc.). Au contraire, on s’est fait klaxonner toute la journée par des gens ravis. Pouces en l’air des hommes, gloussements et signes de la main des femmes, rires des enfants. Une famille nous a même laissés entrer dans son temple pendant une cérémonie.
Ce 25 septembre 2018, je n’ai rien fait d’extraordinaire au final. Rien d’autre que déambuler dans un petit marché avec ma tête de touriste, sourire aux gens et me sentir un peu euphorique. Pourtant, ça reste l’un de mes plus beaux souvenirs de voyage.
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C’était un voyage à Bali, quelques souvenirs parmi tant d’autres. J’espère qu’ils vous ont fait voyager quelques instants, et je vous laisse avec ces mots que j’aime tant :