Lettre À un petit garçon indonésien
À toi petit gars,
J’ai pas su te dire, quand je t’ai aperçu un soir de septembre, à la lumière rasante du soleil couchant, que ça me faisait mal de te trouver sur cette plage. C’était pas ta place.
Tu baragouinais quelques mots d’anglais dans l’espoir de vendre tes bracelets aux touristes qui, comme moi, se prélassaient face au soleil couchant. Tu savais bien que tu n’allais pas ramener beaucoup, tu t’amusais à faire l’avion en faisant attention à ne pas renverser ton petit plateau.
J’ai pas su te dire que je voyais ta fatigue et ton agacement, quand tu regardais tes copains jouer au foot un peu plus loin et que tu ne pouvais pas les rejoindre, car tu devais vendre encore 2, encore 3 de ces foutus bracelets. J’ai vu tes grimaces, j’ai entendu tes soupirs. Tu le savais, du haut de tes 8 ans, que c’est avec eux que tu devrais être, et pas là.
J’ai pas su parler avec toi, te demander quel âge t’avais, depuis combien d’heures tu te traînais sur cette plage, et si vraiment, ça changeait quelque chose au quotidien de tes parents, ces quelques sous que tu leur ramenais ?
J’ai pas voulu te montrer ma honte et ma tristesse que toi, petit enfant, tu sois là à bosser, quand je profitais de la vie en toute insouciance depuis des mois. Je sais au fond de moi que le monde est injuste, que la vie ne nous a pas donné les mêmes chances et que je suis née du bon côté de la terre.
Mais te voir me l’a rappelé et m’a donné envie de m’engager un peu plus, à ma manière, dans mon quotidien, pour combattre les inégalités qui te privent de toutes les chances auxquelles tu as le droit en tant qu’humain.
Je suis désolée de ne pas avoir pu faire grand chose pour toi. Tu n’as sûrement pas compris que je n’aie pas voulu de tes bracelets. Après tout, je veux t’aider non? Mais moi je sais que te donner quelques pièces, c’est encourager le système qui te rend prisonnier, et je n’en ai pas envie. Crois moi petit, je préférais mille fois te voir à jouer avec tes copains avant de filer sur les bancs de l’école. Il faut croire que je n’ai pas beaucoup de pouvoir, pas grand chose de plus à faire que de lancer ces quelques mots sur la toile.
Qu’importe la couleur de sa peau ou le pays dans lesquels elle vit, un enfant devrait toujours avoir le droit à une insouciance infinie.
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One thought on “Lettre À un petit garçon indonésien”
Très touchant et juste, je les ai moi-même souvent cotoyé ces enfants, indonésiens, marocains, qui vendent pour ramener 4 sous… et on se sent souvent impuissants face à cette injustice. Merci pour ce joli texte qui éveille les consciences.