J’ai 27 ans.
Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. J’ai 27 ans. Ce jour symbolique, passage officiel à une nouvelle phase de vie, me semble être le moment idéal pour faire un point sur la mienne. Ce soir j’ai envie de regarder en moi et de me demander, mais où est ce que j’en suis ?
J’ai 27 ans et je vous écris de la caravane dans laquelle je vis, seule, dans les Landes. Je vais passer mon anniversaire à 900 kilomètres de ma famille et de mes amis.
J’ai 27 ans et je n’ai pas de maison. Je vis dans une petite caravane posée dans un camping calme et un peu humide, au milieu des pins. J’ai retiré deux limaces qui s’étaient invitées à l’intérieur et c’est peut-être idiot, mais ça me rend fière de l’avoir fait seule.
J’ai 27 ans et je ne possède pas grand chose. Un tas de meubles entassés dans la cave de mes parents, des habits que je ne porte plus. Je n’ai pas non plus de CDI, ni de carrière pleine de promesses. Je suis saisonnière et dans 4 mois, je n’aurai plus de revenus fixes.
J’ai 27 ans et je suis divorcée. Je n’ai pas de relation sérieuse, pas de fiancé, pas de projet d’enfant. Mon dernier amoureux était un voyageur qui s’est fait la malle aujourd’hui même, à 15 000km.
J’ai 27 ans et je pense que si je commençais un bouquin avec cette liste, la moitié de mes lecteurs reposeraient le livre sur l’étagère, déprimés à l’avance. Et pourtant, je crois pouvoir dire ce soir que je suis satisfaite de ma vie.
﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋
Il y a 2 ans, je fêtais mes 25 ans et j’avais une toute autre idée de ce qui m’attendait. Fraîchement mariée, je pensais que mes 27 ans tourneraient autour d’un bébé, d’un achat de maison ou encore des 3 ans de mon entreprise. Mais j’ai appris que la vie ne vous donne jamais exactement ce que vous attendez. Que vous le vouliez ou non, elle vous donne ce dont vous avez besoin.
Et ce dont vous avez besoin se présente quelques fois sous une forme très inattendue ! Une séparation difficile, la perte d’un job pour lequel on a tout donné, la fin d’une amitié précieuse… Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté c’est grâce à une épreuve inattendue qu’en 2 ans, j’ai beaucoup évolué. Certainement plus que pendant mes 25 premières années cumulées. Ça n’a pas été simple, mais j’ai du accepter l’échec. J’ai du apprendre à me remettre en question.
J’ai cherché à comprendre mes modes de fonctionnements afin d’apprendre de mes erreurs. J’ai du renoncer à la vie que je m’étais créée, une vie dans le fond toute tracée, qui semblait idéale sous bien des aspects. En quelques semaines, tout ce qui me définissait a disparu, ne laissant que le chaos autour de moi. Je me suis retrouvée sans rien. Pourtant ce vide effrayant m’a offert une chance inouïe : j’ai pu totalement réinventer ma vie.
﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏
J’ai toujours fait ce que la vie semblait attendre de moi, car cela me semblait être l’unique voie. J’ai eu la chance d’être soutenue depuis toujours par une famille en or qui m’a tout donné. Je suis reconnaissante de pouvoir dire que tout a toujours été assez facile pour moi. Études, amour, projets, mon parcours a été simple et sans accroc.
Mais ces deux dernières années, j’ai emprunté d’autres voies. Divorce inattendu, entreprise et projets balayés, etc etc, vous connaissez la chanson (si non, c’est par là : voyager après une rupture, fuire ou se retrouver ? ). Partie à l’aventure le cœur en l’air, je pensais aller me reconstruire à l’autre bout du monde. Mon année de voyage était aux yeux du monde une parenthèse, une pause pour remettre en ordre mon esprit chagriné. On s’attendait ensuite à me voir naturellement retourner vers la vie qui m’était destinée, plus forte qu’avant.
Mais comme je l’ai dit, la vie ne se déroule jamais exactement comme on l’entend, ça serait trop simple. Je pense que souvent, elle met sur notre route ce qui nous fera réellement vibrer, même si on n’ose pas se l’avouer. Surtout si on ose pas se l’avouer. C’est comme ça que j’ai trouvé sur la route ce que mon âme m’avait toujours réclamé. La liberté.
Au hasard des road trips et des voyages sac à dos, des rencontres et des expériences nouvelles, j’ai enfin faite mienne cette liberté dont je rêvais. Liberté totale, rendue possible grâce au temps. Avoir le temps rend la vie tellement douce. Le temps de lire, d’écrire. D’apprendre à me connaître, d’enfin évoluer et d’essayer de devenir la meilleure version de moi même. Dans le voyage, je me suis éveillée. J’ai eu la conviction que je faisais enfin ce pourquoi nous sommes sur terre : m’émerveiller face à la nature, connecter avec les autres, découvrir le monde et me connaître moi même. Bien sûr, tout n’est pas rose. Je n’ai pas grand chose et je ne sais pas où mes pas me mènent. Ma vie est faite d’incertitudes, de frayeurs et de grandes joies. Mais si vous saviez comme mon âme respire.
﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋
Je ne suis pas rentrée dans le droit chemin. Je n’ai pas repris la carrière qui aurait pu m’attendre, la vie qui m’était destinée. Je fais désormais ce qui me fait rayonner et vibrer. Pas ce qu’il faut faire, ni ce qui est raisonnable. Je tempère les plans intelligents, les stratégies de vie, au profit de la merveille de l’instant. J’ai arrêté de vivre pour les autres ou pour le futur. C’est sûrement égoïste et aux yeux de certains, pas très malin. J’ai 27 ans et je ne cotise pas à la retraite. Je sais qu’être propriétaire à 30 ans n’est pas vraiment une option. Je ne gagne pas des mille et des cents. Je n’ai pas grand chose de matériel à offrir à mes éventuels enfants.
Mais j’ai trouvé un rythme de vie qui me stimule et me permet d’exprimer qui je suis vraiment. J’apprends à ne plus vivre dans l’insatisfaction. Dans le passé, j’étais inconsciemment toujours en quête de plus. Ne pas avoir assez de temps pour moi me rendait malheureuse et je comblais ce sentiment de malaise en m’achetant des vêtements, de la décoration, des activités coûteuses. J’ai compris qu’en vivant avec peu, on peut vivre tellement heureux. J’économise en permanence pour travailler le moins possible. Ça n’a pas l’air très fun, mais c’est ce qui me permet d’être mobile la plupart du temps et de profiter pleinement de la vie pendant plusieurs mois de l’année et non pas 5 semaines par an. Je me suis rendue compte que moins je consomme, moins j’ai besoin de consommer. Je possède peu de choses et je me satisfais bien plus de l’essentiel que dans le passé. Mon temps libre passé à écrire, créer et connecter avec les autres est bien plus précieux que tout ce que je pouvais accumuler.
﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏
J’ai 27 ans et j’aime vieillir. J’ai laissé derrière moi les faux-semblants et les mensonges que je me racontais à moi même. Je suis en quête de vérité et d’authenticité. Ce n’est pas facile car il semble qu’on a tous un besoin fondamental de prouver des choses, à soi ou aux autres. De maîtriser l’image que les autres ont de nous, de faire bonne impression, de plaire… J’essaie de me détacher de ces besoins. C’est difficile car ils sont profondément enracinés. Ils viennent du besoin instinctif d’être aimé et accepté des autres. Mais je pense que c’est nécessaire si je veux me rapprocher de moi même et être profondement authentique, dans mes choix de vie et dans mes relations.
L’influence du regard des autres nous pousse parfois à nous mentir. Pour être accepté, on va se refuser ce qui résonne vraiment en nous. Pour ne pas être seul, on acceptera des compromis qui ne nous permettront pas d’être la meilleure version de nous même. Je n’étais pas consciente de tout cela avant d’avoir pris le temps de me poser et de réfléchir avec honnêteté, de lire et d’apprendre. Sur la route, j’apprends à être seule et à trouver ce qui est bon pour moi. Mes voyages sont tournés vers la découverte du monde et de moi-même, à travers la rencontre de l’autre et à travers la spiritualité. J’essaie d’aller toujours plus loin dans mon introspection. J’ai tout le temps du monde pour m’observer, me comprendre et ainsi j’évolue, je grandis. Je n’aurai jamais avancé ainsi dans mon ancienne vie, j’en suis certaine.
﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋﹋
Même si je l’aime, je ne vais pas mentir, elle n’est pas simple tous les jours, cette vie. Elle est faite de questionnements, de remise en questions, d’errances et de comparaisons. Il y a les moments de solitude, les événements qu’on rate, les choses auxquelles on renonce. Conserver des relations étroites avec les gens que j’aime demande des efforts. C’est facile de sortir de la vie des autres lorsqu’ils ne vous voient pas pendant des mois et ne peuvent pas compter sur vous. Je me demande souvent si je serai un jour capable de me poser pour construire une famille sans être malheureuse de ne plus voyager et bouger au gré de mes envies.
Même si d’un point de vue extérieur j’ai de « la chance » car je semble être en vacances perpétuelles, j’ai des doutes et des problèmes comme tout le monde. Mais aujourd’hui, je m’estime chanceuse de pouvoir dire que je ne changerai absolument rien à ma vie car chacun de mes choix m’amène précisément où je dois être, à cet instant précis, et chaque échec me permet d’évoluer un tout petit plus. Je vis intensément et peu importe la fragilité apparente de mon avenir : je sais qu’en menant cette vie, à l’âge de partir, je pourrai me retourner tranquillement et regarder avec amour ma vie, sa succession d’échecs et de joies immenses. Et croyez moi, je vais continuer à me démener pour atteindre cette sérénité.
5 thoughts on “J’ai 27 ans.”
Emilie, a coeur vaillant rien d’impossible! Vous vivez dans une caravane mais vous êtes une bâtisseuse de cathédrales… De belles choses vous attendent!
Je relis ton article aujourd’hui en souriant et en me disant que oui…on ne se construit jamais autant que quand le monde qu’on connait s’effondre et qu’on décide de le construire à notre image.Merci pour tes mots!
très puissante cette introspection ! c’est dans ces moments charnières qu’on apprend le plus sur soi et qu’on progresse vraiment. La suite est prometteuse, je rejoins Frank.
Franchement c’est un article super touchant !
À travers ton texte on apprends plein de choses sur toi et ce qui fait la femme que tu es devenue.
Nos expériences nous construisent et nous font grandir. Je pense que ces 2 dernières années tu t’es même élevée …
Encore merci pour cette sincérité et cette authenticité.
Joyeux anniversaire même si je suis en retard et que mon passage écrit est aussi éphémère que celui d’une limace :p
Compte sur moi pour te suivre sur lnstagram et profiter de tes jolies photos.
Bonjour Lily, j’ai découvert ton compte sur INSTA en cherchant des photos de voyage. J’ai adoré ton compte et je me suis vite attaquée à ton blog que j’ai lu en large et en travers. Tu m’inspires énormément ! Bravo pour tout ce que tu fais. Ce fichu Covid met les voyages en suspent, nos vies en suspent.. Vite que ça se termine.